Titres-restaurant, TVA et réforme : une menace pour l’HORECA français ?

Le secteur HORECA (Hôtellerie – Restauration – Café) n’a vraiment pas besoin d’un nouveau choc. Pourtant, trois amendements au projet de loi de finances 2026 ont récemment ravivé les inquiétudes des professionnels : le passage de la TVA de 10 % à 20 % pour la restauration livrée, la vente à emporter et les prestations des traiteurs-organisateurs de réceptions (TOR).

Pour le Groupement des Hôtelleries et Restaurations de France (GHR), les Traiteurs de France et la Fédération Française des Food Trucks (FFFT), cette réforme serait tout simplement catastrophique.

Dans cet article, on analyse ce qu’une telle décision impliquerait pour les professionnels du secteur… et pour les clients.


Une hausse de TVA qui menace tout un écosystème

Les amendements en question proposent officiellement de “renforcer la montée en qualité”. En réalité, ils veulent supprimer le taux réduit de 10 % appliqué aujourd’hui à tous les produits alimentaires préparés destinés à la vente à emporter ou à la livraison, quel que soit le type d’établissement :

  • Restaurants traditionnels
  • Restauration rapide
  • Foodtrucks
  • Traiteurs événementiels
  • TOR (Traiteurs Organisateurs de Réception)

Problème : cette mesure a été déposée sans aucune concertation avec les professionnels. Et surtout, elle arrive dans un secteur déjà sous pression.


Un secteur déjà fragilisé : les chiffres parlent

La restauration livrée pèse 10 % du chiffre d’affaires du secteur. Ce n’est pas un détail : c’est devenu une bouée de survie pour de nombreuses TPE/PME, en particulier :

  • Les restaurants indépendants
  • Les foodtrucks
  • Les traiteurs
  • Les TOR

Mais ces mêmes acteurs subissent une inflation historique :

  • Énergie : +30 %
  • Matières premières : +24 %
  • Minima sociaux : +25 %

Dans ce contexte, doubler la TVA de 10 % à 20 %, c’est ajouter un poids supplémentaire sur des entreprises déjà au bord de la rupture.


Doubler la TVA : quels impacts concrets ?

Voici ce que provoquerait cette réforme si elle passait :

🧾 1. Un impact direct sur le pouvoir d’achat

Les classes moyennes et populaires, principales clientes de la vente à emporter et de la livraison, subiraient une hausse immédiate des prix.

🏚️ 2. Une menace pour l’emploi

Des milliers d’établissements fragilisés pourraient réduire leur personnel ou fermer, alors que les défaillances sont déjà en hausse historique.

💍 3. Un choc pour les traiteurs événementiels

Les prestations — y compris les mariages déjà signés — basculeraient instantanément de 10 % à 20 %.
Résultat : des contrats à renégocier dans l’urgence, ou des entreprises qui absorbent la perte.

🚚 4. Un coup dur pour la restauration mobile

Les foodtrucks dynamisent :

  • Les centres-villes
  • Les zones d’activité
  • Les événements culturels, sportifs ou privés

Une hausse de TVA mettrait en péril leur rentabilité déjà fragile.


Pourquoi le secteur parle d’un “séisme économique et social” ?

Parce que la restauration livrée n’est plus un simple service d’appoint : c’est devenu un pilier économique.

Et plus largement, cette augmentation de TVA va à contre-courant des priorités nationales :

  • Lutte contre l’inflation
  • Soutien aux TPE/PME
  • Attractivité touristique
  • Préservation de l’emploi

Un appel clair au Sénat

Face à cette menace, le GHR, les Traiteurs de France et la FFFT ont publié un appel solennel aux sénateurs : rejeter ces amendements.

Dans leur courrier, ils soulignent l’enjeu :

“Il en va de la préservation de l’emploi, de la diversité de nos établissements, du pouvoir d’achat des Français et de l’égalité d’accès à la restauration sur l’ensemble du territoire.”

De son côté, le Ministre des PME et du Commerce a fait savoir qu’il était défavorable à toute différenciation de taux de TVA selon :

  • le type d’établissement
  • la nature des plats vendus

Un signal rassurant… mais rien n’est encore acté.


Ce qu’il faut retenir

Pour l’HORECA, la situation est simple :

Passer la TVA à 20 % serait une catastrophe économique et sociale.

Cela toucherait :

  • Les professionnels déjà fragilisés
  • Les consommateurs
  • L’emploi
  • L’événementiel
  • La dynamique des centres-villes
  • L’accessibilité alimentaire sur tout le territoire

Le secteur reste mobilisé, et l’attente est forte du côté du Sénat.